Pourquoi j’ai eu envie de devenir raciste

racism
Je me balade dans une putain de ville cosmopolite.
Genève.J’entends le chant de la langue italienne, l’accent cadencé de l’espagnol, les beaux éclats de l’anglais. Grazie Mille, tengo miedo, motherfucker.

Et j’aimerais commencer par une clarification que vous devez garder à l’esprit tout au long de l’article : je ne pense pas être raciste en étant aussi objective qu’il nous est permis de l’être vis-à-vis de nous-même. Mais il y a des moments où j’ai envie de l’être. Comme si j’exprimais ma haine à travers cette généralisation.

C’est merdique. Mais ça m’arrive.

Quand je vois que des roms sont posés pas trop loin devant mon université avec des matelas, des couvertures et le reste, j’ai envie d’être raciste.

Quand je vois qu’ils ont en plus des enfants, j’ai envie d’être raciste.

Quand je vois que ces enfants qui vont devenir grands et qui ressembleront à ceux qui le sont déjà, fumeront du shit sur les bancs devant cette même université toute la journée, j’ai envie d’être raciste.

Quand je vois que les djihadistes se battent cruellement au nom d’un Dieu en lequel je ne suis même pas sûre qu’ils croient, j’ai envie d’être raciste.

Quand je vois une mère black qui se promène dans un supermarché avec ses enfants qui sont tous les deux en train de se crier « ta gueule » l’un à l’autre alors que la mère s’en bat les couilles, j’ai envie d’être raciste.

Quand je vois tous les jours des rebeux qui postent des trucs du genre sur Twitter :

https://twitter.com/Le_Gost/status/522107728484114432

j’ai envie d’être raciste.

Et je me dis toujours la même chose quand je vois ça, chaque fois : putains de roms, putains d’arabes, putains de blacks. Je fous tout le monde dans un même panier en oubliant le rom qui ne peut pas faire autrement, l’arabe qui fait ses 5 prières et n’emmerde personne, la mère black qui éléve ses enfants dans le respect. Et au fond, la réponse mature serait de se dire que c’est au nom de tous ces gens-là que je me dois de ne pas généraliser.

Mais putain. Ca demande de bons efforts. Et je pense sincèrement qu’il est compréhensible qu’à un moment T de votre vie, vous vous retrouviez à haïr toute une population à cause d’un incident Y, j’appellerai ça, du « racisme émotionnel passager ». Pour moi, si, à tête froide, vous êtes capable de penser sincèrement que vous n’avez rien contre cette population, alors vous n’êtes pas raciste.

Alors comment ça marche le racisme autour de nous ? Si je devais donner une définition, je dirais « Pensée, commentaire, attitude négative envers un individu à cause de sa nationalité. » Mais en regardant sur wikipédia, c’est plus profond que ça, vous verrez qu’on inclut le concept de « race ». Donc par exemple, si je dis « putain de parisiens » ça passe pas trop mal; Si je ne suis pas à Paris il y a de fortes chances pour qu’on me fasse des high five, qu’on me donne 5€ et un poster dédicacé d’Elvis Presley. Mais si je dis « putain d’arabes » là, ça passe mal. Pourquoi l’un passe mieux que l’autre ? Parce que dans le premier exemple je ne prends en compte que la mentalité d’individus occidentaux vivants dans la capitale, alors que dans l’autre, on se focalise sur toute une population orientale, souvent stigmatisée par le gouvernement, le FN, les ricains, le FN, des gens et bien sûr, le FN.

Donc on se retrouve face à un double-standard que je juge être hypocrite. Formulons ce double-standard de manière à le trouver absurde, voulez-vous ? « Je ne suis pas raciste parce que je parle juste des parisiens, c’est bon ça va, c’est pas raciste, ils sont blancs comme nous, c’est juste que ce sont des emmerdeurs. » Ça a marché ? Vous trouvez ça absurde ou toujours pas ? Si vous répondez par la négative, et bien laissez-moi vous dire que je ne trouve pas ça moins raciste stricto sensu. Je fais la rabat-joie, mais ce n’est qu’une démonstration pour pointer le fait qu’on peut trouver du racisme banalisé en se penchant un peu dans la rue.

J’ai remarqué quelque chose de frappant, en rencontrant des français qui étudient dans la même faculté que moi en Suisse: la plupart d’entre eux ne sont pas aussi tolérants que les suisses. Parce que la Suisse accepte l’idée de l’existence de « communautés », c’est un pays d’environ 8 millions d’habitants dont presque 2 millions sont étrangers. Alors la diversité, ils connaissent pas mal. Les gamins sont à l’école avec un nuancier de nationalités dès leur jeune âge.

Mais ce qui m’a fait halluciner c’est le fait qu’un français qui arrive étudier en Suisse se permette de faire des commentaires vis-à-vis d’étrangers qui eux aussi, sont venus étudier.

Ca me rappelle cette scène dans le train. Deux filles de ma classe étaient en train de discuter en arabe à côté de moi et d’une autre fille, toujours dans ma classe, que nous appellerons connasse pour des raisons évidentes d’anonymat. J’ai eu l’occasion de discuter un peu avec les deux filles qui se trouvaient être tunisiennes, super sympas. La connasse ne dit rien. On sort du train, la connasse chuchote « moi ça m’énerve que des gens parlent une autre langue en public, je trouve que c’est un manque de respect et d’intégration. »

Ben écoute meuf.

Un commentaire sur “Pourquoi j’ai eu envie de devenir raciste

  1. encoreuneconnasseparisienne dit :

    GG pour le « racisme émotionnel passager » qui touche absolument tout le monde, personne ne peut dire le contraire (ou alors c’est de l’hypocrisie pure). Difficile de ne pas juger en effet. On a toujours du mal avec la différence. Le principal c’est de le savoir et d’essayer d’aimer son prochain, quel qu’il soit (amen).

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